Canada/Le développement économique des municipalités face aux défis climatiques

Publié le 21/10/2025 | La rédaction

Canada

« Les feux de forêt nous ont amené des défis, faut voir comment on peut bien protéger nos territoires, nos citoyens, les milieux urbains, entre autres », lance Normand Lagrange, directeur général de la MRC d’Abitibi-Ouest.

Il a été dans l'œil de la tempête à l’été 2023, lorsque les feux de forêt ont sévi en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec.

Normétal et Saint-Lambert, deux municipalités avec peu de ressources administratives, ont été rapidement épaulées par la MRC pour coordonner les évacuations, l’hébergement d’urgence, les communications aux citoyens et les efforts de lutte sur le terrain.

Alors que les flammes se rapprochaient des collectivités, des tranchées ont été creusées à la hâte pour agir comme des zones tampons et freiner la progression des flammes. Ces corridors devront être entretenus, ce qui représente un coût supplémentaire pour les villes.

Comme citoyen, Marc Nantel a été témoin de près de cet épisode.

Ces zones-là, je pense qu’il faudra les conserver dans les années à venir, les conserver et les aménager. Et pour avoir vécu ça, voir la fumée qui s’en venait, je pense qu’il y a une très grande réflexion à faire dans nos municipalités, dit M. Nantel, également porte-parole du Regroupement vigilance mines de l'Abitibi et du Témiscamingue (REVIMAT).

La table ronde sur la démocratie sera diffusée à l’émission Ça vaut le retour, le mardi 21 octobre.

Au-delà de la protection des territoires, l’enjeu de concilier environnement et développement économique demeure pour Olivier Proulx, doctorant à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

La forêt, ça ne sert pas qu’à produire des deux-par-quatre, dit-il. On l’utilise par les produits forestiers non ligneux dont on découvre de plus en plus la valeur collective et économique, mais aussi pour le bien-être de la population. Ça agit comme puits de carbone, des bénéfices écosystémiques immenses qui permettent d’atténuer les écarts de températures et les risques associés aux changements climatiques.

Le président de la Chambre de commerce de Val-d’Or, Sébastien Richard, croit que des opportunités se dessinent.

Selon moi, on peut faire confiance à nos industries établies chez nous depuis longtemps. On voit des actions de pérennisation des installations, particulièrement dans le domaine minier. C’est une opportunité économique que de venir s'asseoir avec elles [les industries], puis de les inclure dans le plan de match pour développer notre société régionale et les soutenir financièrement.

La confiance est toutefois fragile lorsque vient le moment de parler d’occupation du territoire et de la recherche de revenus supplémentaires pour les municipalités.

Ils [les élus] sont prisonniers puis jouent le jeu de la croissance et tentent de trouver une entreprise pour qu'elle paie plus de taxes, puis avec ces taxes agrandir, faire plus de rues, avoir plus de maisons. Ils sont dans cette logique d’une économie toujours en expansion, affirme Marc Nantel du REVIMAT.

De son côté, l'entrepreneur Sébastien Richard répond qu’il est plus que favorable à une diversification des activités.

Je suis entrepreneur à la base, je cherche à diversifier mon économie et être un acteur de changement chez nous.

Une citation de Sébastien Richard

Arbitrer les aspirations de développement et les impératifs de sauvegarde et de protection demeure un jeu d’équilibre difficile pour le directeur général de la MRC, Normand Lagrange.

C’est pas évident… Comme direction générale nous avons une vision, nous apportons des recommandations, toutefois la décision revient aux élus. Il faut alors convaincre par des appuis scientifiques pour les amener à prendre des décisions éclairées, ce qui n’est pas évident.

La préfète sortante du Témiscamingue, Claire Bolduc, après huit années en fonction, déplore le manque de cohérence dans les demandes aux municipalités.

Les mesures environnementales, on y est confronté au quotidien. Il n’y a plus de cohérence entre toutes les commandes qu’on adresse au monde municipal, que ce soit sur l’environnement, sur le territoire public ou sur le territoire agricole, alors que les villes ont de plus en plus de besoins. Si on ramenait la capacité de décider là où les décisions se prennent et se vivent, on aurait déjà moins d’enjeux, insiste Claire Bolduc.

En conclusion, le doctorant Guillaume Proulx croit qu’il faut repenser les collectivités afin de les rendre plus résilientes.

La société se complexifie, les problèmes aussi. Les élus municipaux, les MRC ont un rôle à jouer pour s'adapter et prendre les devants dans ce contexte-là. Les municipalités peuvent accompagner les les petits projets en économie sociale, les projets coopératifs pour pas simplement extraire et exporter, décider de diversifier les services à la population, puis appuyer ces initiatives-là. 

Source:   ici.radio-canada.ca/ 


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